D'après le titre, on pourrait croire que je vais parler de l'art de la table nippon. Et bien il n'en est rien. Comme Sandrine dit si bien : "Encore un de tes plans foireux..."
Mais revenons un peu en arrière, un collègue me parle un jour d'un plat japonais succulent qu'il faut absolument que je goute (okonomiyaki je crois...), et me donne l'adresse du restau qui va bien.
Hier soir, je rentre à l'appartement, et je vois qu'il n'y a plus grand chose dans le frigo. Le petit restaurant lounge en bas de la rue propose un menu sympa à 9 Euros. Donc je commence à travailler Sandrine au corps pour lui faire accepter d'aller manger un morceau dehors. C'est assez vite fait, mais elle n'a pas envie de manger en bas de la rue. Ca sera japonais. C'est là que je me rappelle du restaurant que mon collègue m'a conseillé. Donc je travaille de nouveau Sandrine au corps (c'est une expression hein, n'allez pas croire qu'on fait des trucs sexuels à chaque fois que je veux aller au restau) pour la motiver à se rendre à 45 minutes de chez nous pour goûter un nouveau plat japonais qui apparemment est délicieux.
On est parti, on prend le bus, et 45 minutes plus tard, on entre dans ce fameux restaurant Japonais. 2 minutes plus tard, on sort. Ben oui, il faut réserver, la salle est toute petite, et même si on est en semaine, elle est pleine à craquer de gens qui ont reservé... eux...
Et c'est là qu'elle me sort la phrase fatale : "Encore un de tes plans foireux..."
Grrrr....
Et voilà que commence la descente aux enfers.
Il faut absolument repasser devant le magasin de bijoux que Sandrine avait reperé sur le chemin. On repasse devant, et évidemment, on entre. Le challenge que m'impose Sandrine est le suivant : "Il faut que je lui trouve au choix, un bracelet, un collier, un pendentif ou une paire de boucles d'oreilles, et bien entendu que je lui paye pour me faire pardonner de mon plan foireux". Je regarde autour de moi, il n'y a que des babioles de deuxième main, des bijoux pour bobos. Je ne devrais pas m'en tirer pour trop cher, même s'il n'y a pas les prix des bijoux d'indiqués car tout est au gramme. Le principe est le suivant : La vendeuse pèse le bijou, et annonce la facture.
Moi - "Ma chérie, tu aimes celui-là ?"
Sandrine - "Non, c'est moche"
Moi - "Et celui-là ?"
Sandrine - "Non"
Moi - "Celui-là ?"
Sandrine - "Non, mais t'as vraiment des gouts de chiottes."
Moi - "Ok...."
Ce manège a duré 45 minutes, autant dire qu'au bout de 10 minutes, j'en avais déjà plus que marre. Et puis, miracle, on réussi enfin à trouver un bijou (pendentif + collier) qui lui plait, dommage moi je le trouve moche, mais bon, ça lui plait, je vais lacher 5 à 10€ et on pourra enfin aller manger.
La vendeuse pèse le collier : "15 Euros monsieur", puis elle pèse le pendentif "45 Euros" pour un total de "60 Euros ! Vous règlez comment ?"
WHAT THE FUCK ? 60 Euros, ce truc ?! Elle est où la caméra cachée ?
Moi - "En effet... enfin, pour ce prix-là, j'aurais préféré qu'il me plaise..."
La vendeuse - "Ah oui, mais monsieur, c'est de l'ambre royaaale"
Moi - "Alors si c'est de l'ambre r-o-y-aaa-l-e..."
Là, je me retourne vers Sandrine, et je vois qu'elle me fait le regard du chat botté comme dans Shrek... alors j'ai tendu ma carte bleue à la vendeuse.
Bon, on sort enfin de ce magasin, moi toujours la faim au ventre et le portefeuille un peu plus lèger. On décide de s'arrêter presque au premier café qu'on croise.
Le
Procope que ça s'appelle, ça a l'air un peu cher, mais le cadre et les plats me tentent. Ce serait le plus ancien café de Paris. Sur Wikipédia, ils s'avancent un peu moins et disent un des plus anciens. Ce café a un air de musée, il y a des autographes de gens célèbres encadrés un peu partout, des tableaux ou copies de tableaux de maitres, des statues, de la vaisselle ancienne, des murs rappelant la déclaration des droits de l'homme etc., tout ça dans une ambiance légèrement tamisée. Le cadre est vraiment chic. La carte aussi, il n'y a pas beaucoup de choix, mais les mets mettent en bouche rien que par leur nom. Sandrine se plaint que c'est un peu trop huppé. Mince, moi qui pensait que ça lui ferait plaisir de manger dans un cadre un peu différent.
Elle vient de voir les prix, et j'ai le droit à une seconde salve de plaintes. De toute façon à ce rythme là, elle ne risque pas de payer grand chose, je ne lui laisserai pas payer la moitié de l'addition comme on avait convenu si elle n'apprécie pas. Et puis, je suis parti pour exploser mon portefeuille, alors un peu plus, un peu moins...
Une heure plus tard et notre demi-bouteille de vin déjà bien entamée, on voit enfin arriver nos plats principaux... Le mien est un peu froid, et celui de Sandrine est beaucoup trop épicé pour son palais. Décidément, rien ne va ce soir.
On attend une heure de plus pour avoir nos desserts. Ils sont bons et copieux, Sandrine n'est pas déçue, bon, elle me glisse quand même que "C'est trop gros, je vais pas manger tout ça, il faut que tu m'aides !". Je lui mange les 3/4 de sa glace plus la mienne. Demain, il va falloir éliminer tout ça !
Et puis, la douloureuse arrive sur son plateau d'argent, 77 € pour 2 plats, 2 desserts, 1/2 bouteille d'un petit vin... Oui, décidément on est bien loin de la petite soirée modeste en bas de notre rue.
Sandrine, bien qu'elle ait râlé un peu toute la soirée, était finalement contente.
Elle s'est couché (trop tard, beaucoup trop tard à son gout) un petit peu plus heureuse, elle a un joli (c'est elle qui le dit) et cher (c'est moi qui le dit) collier qui l'attend demain, elle a pu s'aérer la tête et se changer les idées dans un endroit différent et finalement pas si désagréable au cours d'une soirée un peu spéciale.
Je me suis couché en pleurant sur ces 140 Euros que j'aurais pu mettre dans un truc de geek que je ne m'autorise pas parce que je me dis que je pourrais nourrir un éthiopien pendant 15 jours avec tous ces euros.
Enfin, le bonheur, même un petit peu, ça n'a pas de prix... Merde, je regarde trop la télé moi...